lundi 25 avril 2011

Déontologie journalistique...


Code déontologique de la Société des journalistes professionnels
Publié le 16 août 2002
Le premier Code déontologique de Sigma Delta Chi, rédigé en 1926, était emprunté à la Société américaine des rédacteurs de journaux. En 1973, Sigma Delta Chi rédigea son propre code, qui fut révisé en 1984 et en 1987. La version actuelle du Code déontologique de la Société des journalistes professionnels fut adoptée en septembre 1996.
Préambule
Les membres de la Société des journalistes professionnels estiment qu’un public informé est précurseur de justice et la fondation même d’une démocratie. Le rôle du journaliste est de faire avancer ces fins en recherchant la vérité et en fournissant des comptes rendus équitables et simples des événements et sujets importants qu’il est amené à relater. Quel que soit son média, le journaliste s’efforce de servir le public avec minutie et honnêteté. L’intégrité professionnelle est la pierre angulaire de la crédibilité d’un journaliste.
Les membres de la Société des journalistes professionnels partagent un souci déontologique et adoptent ce code pour professer les principes et normes des pratiques journalistiques de la Société.
Rechercher la vérité et l’exposer
Un journaliste doit être honnête, équitable et courageux dans ses efforts pour rassembler, rapporter et interpréter l’information.
Un journaliste doit :
  • Tester l’exactitude de l’information et de ses sources et être prudent afin d’éviter toute erreur d’inattention. Il n’est jamais permis de délibérément déformer les faits.
  • Tenter assidûment de trouver les acteurs de ses reportages afin de leur donner l’opportunité de répondre à toutes allégations de méfait.
  • Identifier ses sources, lorsque c’est possible. Le public à droit à toute l’information possible afin de juger de la crédibilité des sources.
  • Toujours questionner les motifs de ses sources avant de promettre l’anonymat. Clarifier les conditions attachées à toute promesse faite en échange de l’anonymat. Tenir ses promesses.
  • S’assurer que les titres, les flashs et les promotions, les photos, les images, le son, les graphiques et les extraits d’entrevue ne sont pas présentés sous un faux jour. Les journalistes ne devraient pas simplifier outre mesure ou souligner certains événements hors de leur contexte.
  • Ne jamais fausser le contenu des photos ou des images. Améliorer la qualité technique des images est toujours permis. Identifier les montages et les illustrations.
  • Éviter les reconstitutions d’événements et les nouvelles fabriquées. Si une reconstitution est nécessaire pour raconter l’histoire, identifiez-la comme telle.
  • Éviter de travailler sous l’anonymat ou de recourir à d’autres méthodes clandestines pour recueillir des informations, sauf quand les méthodes traditionnelles ne permettent pas de transmettre des données essentielles au public. L’utilisation de méthodes clandestines doit être expliquée dans le reportage.
  • Ne jamais plagier.
  • Raconter l’histoire de la diversité et l’importance de l’expérience humaine hardiment, même lorsque le sujet est impopulaire.
  • Examiner ses propres valeurs culturelles et éviter de les imposer au public.
  • Éviter de stéréotyper par race, genre, âge, religion, ethnie, géographie, orientation sexuelle, infirmité, apparence physique ou rang social.
  • Supporter ouvertement les échanges d’idées, même lorsque le sujet rebute le/la journaliste.
  • Donner la parole à ceux qui n’ont pas la parole ; les sources officielles et non-officielles peuvent être également valides.
  • Faire la distinction entre plaidoirie et nouvelles. Les analyses et les commentaires doivent être identifiés et ne doivent pas déformer les faits ni leur contexte.
  • Faire la distinction entre nouvelle et publicité et éviter les informations qui mêlent les deux.
  • Reconnaître l’obligation spéciale que le/la journaliste a de s’assurer que l’administration conduit ses affaires ouvertement et que les documents gouvernementaux soient accessibles pour vérification.
Minimiser les torts
Les journalistes soucieux de déontologie traitent leurs sources, sujets et collègues comme des êtres humains méritant respect.
Un journaliste doit :
  • Montrer de la compassion pour ceux qui pourraient être affecter négativement par le reportage. Faire preuve d’une sensibilité particulière avec les enfants et les sources ou personnes inexpérimentées.
  • Montrer de la sensibilité en demandant ou en utilisant des entrevues ou des photos de gens frappés par un événement tragique ou par du chagrin.
  • Reconnaître que rechercher et présenter des informations pour un reportage peut occasionner du tort ou de l’inconfort.
  • Admettre que les personnes privées ont un droit de contrôle supérieur sur leurs données personnelles que n’ont les personnages publics et ceux qui cherchent pouvoir, influence ou attention. Seule une nécessité publique prépondérante peut justifier une intrusion dans la vie privée de quelqu’un.
  • Faire preuve de bon goût. Éviter de se laisser attirer par une curiosité malsaine.
  • Être prudent en identifiant des suspects mineurs ou des victimes de crimes sexuels.
  • Être judicieux en révélant les noms des suspects d’un crime avant que des charges formelles aient été déposées.
  • Équilibrer les droits d’un suspect à un procès équitable avec le droit du public à être informé.
Agir indépendamment
Un/Une journaliste ne doit avoir d’autre intérêt que le droit à l’information du public.
Un journaliste doit :
  • Éviter les conflits d’intérêt, réels ou perçus.
  • Refuser de s’engager dans des associations et des activités qui pourraient compromettre son intégrité ou nuire à sa crédibilité.
  • Refuser les cadeaux, faveurs, voyages gratuits et traitements spéciaux, et éviter les deuxièmes emplois, les engagements politiques, les fonctions publiques, même dans des organisations locales, s’ils compromettent son intégrité journalistique.
  • Révéler les conflits inévitables.
  • Être vigilant et courageux quand il s’agit de rappeler aux gens au pouvoir leurs responsabilités).
  • Refuser d’accorder des traitements spéciaux aux annonceurs et aux gens qui présentent un intérêt particulier, et résister à leurs pressions d’influencer les reportages.
  • Être prudent avec les personnes qui offrent des informations en échange de faveurs ou d’argent ; éviter de faire une surenchère pour de l’information.
Être responsable
Un journaliste doit assumer ses responsabilités envers ses lecteurs, auditeurs, spectateurs et collègues.
Un journaliste doit :
  • Clarifier et expliquer les reportages et inviter le public à à s’exprimer sur la conduite des média.
  • Encourager le public à exprimer ses reproches envers les média.
  • Admettre ses erreurs et les corriger rapidement.
  • Dénoncer publiquement les pratiques des journalistes et des média qui ne sont pas déontologiques.
  • Respecter les mêmes règles de comportement qu’il/elle demande aux autres de respecter.
Traduction par Anne E. McBride et Chantal K. Saucier, © 2000.
Déclaration de Principe de la FIJ sur la Conduite des Journalistes
La présente déclaration internationale précise les règles de conduite des journalistes dans la recherche, la transition, la diffusion et le commentaire des nouvelles et de l'information et dans la prescription des événements.
1. respecter la vérité et le droit que le public a de la connaître constitue le devoir primordial du journaliste :
2. Conformément à ce devoir, le journaliste défendra, en tout temps, le double principe de la liberté de rechercher et de publier honnêtement l'information, du commentaire et de la critique et le droit au commentaire équitable et à la critique loyale.
3. le journaliste ne rapportera que les faits dont il/elle connaît l'origine, ne supprimera pas les informations essentielles et ne falsifiera pas de documents.
4. Le journaliste n'utilisera que des moyens équitables pour obtenir des informations, des photographies et des documents.
5. Le journaliste s'efforcera par tous les moyens de rectifier toute information publiée et révélée inexacte et nuisible.
6. Le journaliste gardera le secret professionnel concernant la source des informations obtenues confidentiellement.
7. Le journaliste prendra garde aux risques d'une discrimination propagée par les médias et fera son possible pour éviter de faciliter une telle discrimination, fondée notamment sur la race, le sexe, les mœurs sexuelles, la langue, la religion, les opinions politiques et autres et l'origine national ou sociale.
8. Le journaliste considérera comme fautes professionnelles graves: le plagiat; la distortion malveillante; la calomnie, la médisance, la diffamation, les accusations sans fondement; l'acceptation d'une quelconque gratification en raison de la publication d'une information ou de sa suppression.
9. Tout journaliste digne de ce nom se fait un devoir d'observer strictement les principes énoncés ci-dessus. Reconnaissant le droit connu de chaque pays, le journlaiste n'acceptera, en matière professionnelle, que la juridiction de ses pairs, à l'exclusion de tout intrusion gouvernementale ou autre.
(Adoptée au Congrès mondial de la FIJ en 1954. Amendée au Congrès mondial de 1986.)
Déclaration des droits et des devoirs des journalistes (Munich 1971)
Cette déclaration a été adoptée par une conférence qui réunissait, les 23 et 24 novembre 1971 à Munich, les représentants de la plupart des syndicats de journalistes d'Europe, ainsi que des deux grandes organisations internationales, la FIJ et l'OIJ.
Préambule
Le droit à l'information, à la libre expression et à la critique est une des libertés fondamentales de tout être humain. De ce droit du public à connaître les faits et les opinions procède l'ensemble des devoirs et des droits des journalistes. La responsabilité des journalistes vis-à-vis du public prime toute autre responsabilité, en particulier à l'égard de leurs employeurs et des pouvoirs publics.
La mission d'information comporte nécessairement des limites que les journalistes eux-mêmes s'imposent spontanément. Tel est l'objet de la déclaration des devoirs formulée ici. Mais ces devoirs ne peuvent être effectivement respectés dans l'exercice de la profession de journaliste que si les conditions concrètes de l'indépendance et de la dignité professionnelle sont réalisées. Tel est l'objet de la déclaration des droits qui suit.
Déclaration des devoirs du journalisme
Les devoirs essentiels du journaliste dans la recherche, la rédaction et le commentaire des événements sont :
  1. Respecter la vérité, quelles qu'en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître la vérité ;
  2. défendre la liberté de l'information, du commentaire et de la critique ;
  3. publier seulement les informations dont l'origine est connue ou dans le cas contraire les accompagner des réserves nécessaires ; ne pas supprimer les informations essentielles et ne pas altérer les textes et documents ;
  4. ne pas user de méthodes déloyales pour obtenir des informations, des photographies et des documents ;
  5. s'obliger à respecter la vie privée des personnes ;
  6. rectifier toute information publiée qui se révèle inexacte ;
  7. garder le secret professionnel et ne pas divulguer la source des informations obtenues confidentiellement ;
  8. s'interdire le plagiat, la calomnie, la diffamation et les accusations sans fondement, ainsi que de recevoir un quelconque avantage en raison de la publication ou de la suppression d'une information ;
  9. ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste ; n'accepter aucune consigne, directe ou indirecte, des annonceurs ;
  10. refuser toute pression et n'accepter de directive rédactionnelle que des responsables de la rédaction.
Tout journaliste digne de ce nom se fait un devoir d'observer strictement les principes énoncés ci-dessus ; reconnaissant le droit en vigueur dans chaque pays, le journaliste n'accepte en matière d'honneur professionnel que la juridiction de ses pairs, à l'exclusion de toute ingérence gouvernementale ou autre.
Déclaration des droits du journalisme
  1. Les journalistes revendiquent le libre accès à toutes les sources d'information et le droit d'enquêter librement sur tous les faits qui conditionnent la vie publique. Le secret des affaires publiques ou privées ne peut en ce cas être opposé au journaliste que par exception et en vertu de motifs clairement exprimés.
  2. Le journaliste a le droit de refuser toute subordination qui serait contraire à la ligne générale de l'organe d'information auquel il collabore, telle qu'elle est déterminée par écrit dans son contrat d'engagement, de même que toute subordination qui ne serait pas clairement impliquée par cette ligne générale.
  3. Le journaliste ne peut être contraint à accomplir un acte professionnel ou à exprimer une opinion qui serait contraire à sa conviction ou à sa conscience.
  4. L'équipe rédactionnelle doit être obligatoirement informée de toute décision importante de nature à affecter la vie de l'entreprise. Elle doit être au moins consultée, avant décision définitive, sur toute mesure intéressant la composition de la rédaction : embauche, licenciement, mutation et promotion de journalistes ;
  5. En considération de sa fonction et de ses responsabilités, le journaliste a droit non seulement au bénéfice des conventions collectives, mais aussi à un contrat personnel assurant la sécurité matérielle et morale de son travail ainsi qu'à une rémunération correspondant au rôle social qui est le sien et suffisante pour garantir son indépendance économique.
La Charte d’éthique professionnelle des journalistes (SNJ, 1918/38/2011)
Le droit du public à une information de qualité, complète, libre, indépendante et pluraliste, rappelé dans la Déclaration des droits de l’homme et la Constitution française, guide le journaliste dans l’exercice de sa mission. Cette responsabilité vis-à-vis du citoyen prime sur toute autre.
Ces principes et les règles éthiques ci-après engagent chaque journaliste, quelles que soient sa fonction, sa responsabilité au sein de la chaîne éditoriale et la forme de presse dans laquelle il exerce.
Cependant, la responsabilité du journaliste ne peut être confondue avec celle de l’éditeur, ni dispenser ce dernier de ses propres obligations.
Le journalisme consiste à rechercher, vérifier, situer dans son contexte, hiérarchiser, mettre en forme, commenter et publier une information de qualité ; il ne peut se confondre avec la communication. Son exercice demande du temps et des moyens, quel que soit le support. Il ne peut y avoir de respect des règles déontologiques sans mise en œuvre des conditions d’exercice qu’elles nécessitent.
La notion d’urgence dans la diffusion d’une information ou d’exclusivité ne doit pas l’emporter sur le sérieux de l’enquête et la vérification des sources.
La sécurité matérielle et morale est la base de l’indépendance du journaliste. Elle doit être assurée, quel que soit le contrat de travail qui le lie à l’entreprise.
L’exercice du métier à la pige bénéficie des mêmes garanties que celles dont disposent les journalistes mensualisés.
Le journaliste ne peut être contraint à accomplir un acte ou exprimer une opinion contraire à sa conviction ou sa conscience professionnelle, ni aux principes et règles de cette charte.
Le journaliste accomplit tous les actes de sa profession (enquête, investigations, prise d’images et de sons, etc…) librement, a accès à toutes les sources d’information concernant les faits qui conditionnent la vie publique et voit la protection du secret de ses sources garantie.
C’est dans ces conditions qu’un journaliste digne de ce nom :
  • Prend la responsabilité de toutes ses productions professionnelles, mêmes anonymes ;
  • Respecte la dignité des personnes et la présomption d’innocence ;
  • Tient l’esprit critique, la véracité, l’exactitude, l’intégrité, l’équité, l’impartialité, pour les piliers de l’action journalistique ; tient l’accusation sans preuve, l’intention de nuire, l’altération des documents, la déformation des faits, le détournement d’images, le mensonge, la manipulation, la censure et l’autocensure, la non vérification des faits, pour les plus graves dérives professionnelles ;
  • Exerce la plus grande vigilance avant de diffuser des informations d’où qu’elles viennent ;
  • Dispose d’un droit de suite, qui est aussi un devoir, sur les informations qu’il diffuse et fait en sorte de rectifier rapidement toute information diffusée qui se révèlerait inexacte ;
  • N’accepte en matière de déontologie et d’honneur professionnel que la juridiction de ses pairs ; répond devant la justice des délits prévus par la loi ;
  • Défend la liberté d’expression, d’opinion, de l’information, du commentaire et de la critique ;
  • Proscrit tout moyen déloyal et vénal pour obtenir une information. Dans le cas où sa sécurité, celle de ses sources ou la gravité des faits l’obligent à taire sa qualité de journaliste, il prévient sa hiérarchie et en donne dès que possible explication au public ;
  • Ne touche pas d’argent dans un service public, une institution ou une entreprise privée où sa qualité de journaliste, ses influences, ses relations seraient susceptibles d’être exploitées ;
  • N’use pas de la liberté de la presse dans une intention intéressée ;
  • Refuse et combat, comme contraire à son éthique professionnelle, toute confusion entre journalisme et communication ;
  • Cite les confrères dont il utilise le travail, ne commet aucun plagiat ;
  • Ne sollicite pas la place d’un confrère en offrant de travailler à des conditions inférieures ;
  • Garde le secret professionnel et protège les sources de ses informations ;
  • Ne confond pas son rôle avec celui du policier ou du juge.
Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (article XI) : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté, dans les cas déterminés par la Loi. »
Constitution de la France (article 34) : « La loi fixe les règles concernant les droits civiques et les garanties fondamentales accordées aux citoyens pour l’exercice des libertés publiques ; la liberté, le pluralisme et l’indépendance des médias. »
Déclaration des devoirs et des droits des journalistes (Munich, 1971) : le SNJ, qui fut à l’initiative de la création de la Fédération Internationale des Journalistes, en 1926 à Paris, est également l’un des inspirateurs de cette Déclaration qui réunit l’ensemble des syndicats de journalistes au niveau européen.