La
Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est un texte
juridique français, exigeant la pleine assimilation légale,
politique et sociale des femmes, rédigé en septembre 1791, par
l’écrivain Olympe de Gouges sur le modèle de la Déclaration des
droits de l'homme et du citoyen proclamée le 26 août 1789, et
publié dans la brochure les Droits de la femme, adressée à la
reine. Premier document à évoquer l’égalité juridique et légale
des femmes par rapport aux hommes, la Déclaration des droits de la
femme et de la citoyenne a été rédigée afin d’être présentée
à l’Assemblée nationale le 28 octobre 1791 pour y être adoptée.
La
Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne constitue un
pastiche critique de la Déclaration des Droits de l’Homme et du
Citoyen, qui énumère des droits ne s’appliquant qu’aux hommes,
alors les femmes ne disposaient pas du droit de vote, de l’accès
aux institutions publiques, aux libertés professionnelles, aux
droits de propriété, etc. L’auteur y défend, non sans ironie à
l’égard des préjugés masculins, la cause des femmes, écrivant
ainsi que « la femme naît libre et demeure égale en droits à
l’homme ». Ainsi se voyait dénoncé le fait que la Révolution
oubliait les femmes dans son projet de liberté et d’égalité.
(source :
wikipédia)
Olympe
de Gouges.
De
son vrai nom Marie Gouze, née en 1748 à Montauban, dans une famille
de bourgeois drapiers, Olympe de Gouges affirmera être la fille
illégitime du noble et poète Lefranc de Pompignan. Veuve d’un
riche négociant, elle s’installe à Paris où elle mène une vie
de femme libre et courtisée et se consacre à la littérature,
publiant notamment plusieurs pièces et romans qui prennent parti
contre l’esclavage, ainsi que, de 1788 à 1793, une soixantaine de
pamphlets politiques dont l’un, intitulé Remarques patriotiques,
contient un programme économique et social. Pendant la Révolution,
elle fréquente le Cercle social, où viennent des révolutionnaires
comme Condorcet ou Collot d’Herbois, ainsi que d’autres
adversaires des préjugés à l’égard des femmes. Elle appelle ses
concitoyennes à faire leur propre révolution : « Les femmes
seront-elles toujours isolées les unes des autres et ne feront-elles
jamais corps avec la société ? » Proche des Girondins, elle
attaque violemment Marat et Robespierre. Arrêtée le 20 juillet
1793, alors qu’elle placardait elle-même ses affiches, elle est
condamnée à mort et exécutée le 3 novembre 1793. C’est à la
mi-septembre 1791, qu’Olympe de Gouges a publié sa Déclaration
des droits de la femme et de la citoyenne. Dès les Cahiers de
doléances, diverses revendications avaient été exprimées par
quelques anonymes qui demandaient que les femmes puissent faire
partie du gouvernement et avoir des réprésentantes à l’Assemblée
nationale. Dans son article de juillet 1790, « Sur l’admission des
femmes au droit de cité », Condorcet s’était associé à ce
combat, et, pendant l’été 1791, plusieurs autres pamphlets
étaient parus sur ce thème, notamment celui de Madame de Cambis, Du
Sort actuel des Femmes. La déclaration d’Olympe de Gouges part,
comme eux, de l’idée que les femmes, qui possèdent toutes les
facultés intellectuelles, ont par nature les mêmes droits que les
hommes. La Nation étant définie comme « la réunion de la femme et
de l’homme » (article 3), elle en déduit que « la Constitution
est nulle si la majorité des individus qui composent la nation n’a
pas coopéré à sa rédaction ». La déclaration d’Olympe de
Gouges passa presque inaperçue et les écrits féministes des années
suivantes, comme ceux du XIXe siècle, ne s’y référeront pas.
Mais la forme de ce texte, celle d’une déclaration des droits, est
unique à son époque et lui confère une force qui expliquera son
succès tardif dans la seconde moitié du XXe siècle.
(source :
http://www.ldh-france.org)
DECLARATION DES DROITS DE LA FEMME ET DE LA CITOYENNE
A
décréter par l'Assemblée nationale dans ses dernières séances
ou dans celle de la prochaine législature.
PREAMBULE
Les
mères, les filles, les surs, représentantes de la nation,
demandent d'être constituées en Assemblée nationale.
Considérant
que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de la femme, sont
les seules causes des malheurs publics et de la corruption des
gouvernements, ont résolu d'exposer dans une déclaration
solennelle, les droits naturels inaliénables et sacrés de la femme,
afin que cette déclaration, constamment présente à tous les
membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et
leurs devoirs, afin que les actes du pouvoir des femmes, et ceux du
pouvoir des hommes, pouvant être à chaque instant comparés avec le
but de toute institution politique, en soient plus respectés, afin
que les réclamations des citoyennes, fondées désormais sur des
principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de
la Constitution, des bonnes murs, et au bonheur de tous.
En
conséquence, le sexe supérieur, en beauté comme en courage,
dans les souffrances maternelles, reconnaît et déclare, en présence
et sous les auspices de l'Etre suprême, les Droits suivants de la
Femme et de la Citoyenne.
Article premier.La Femme naît libre et demeure égale à l'homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.
Article premier.La Femme naît libre et demeure égale à l'homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.
Article
2Le but de toute association politique est la conservation
des droits naturels et imprescriptibles de la Femme et de l'Homme.
Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et surtout
la résistance à l'oppression.
Article 3 Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation, qui n'est que la réunion de la Femme et de l'Homme: nul corps, nul individu, ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément.
Article 4La liberté et la justice consistent à rendre tout ce qui appartient à autrui; ainsi l'exercice des droits naturels de la femme n'a de bornes que la tyrannie perpétuelle que l'homme lui oppose; ces bornes doivent être réformées par les lois de la nature et de la raison.
Article 3 Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation, qui n'est que la réunion de la Femme et de l'Homme: nul corps, nul individu, ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément.
Article 4La liberté et la justice consistent à rendre tout ce qui appartient à autrui; ainsi l'exercice des droits naturels de la femme n'a de bornes que la tyrannie perpétuelle que l'homme lui oppose; ces bornes doivent être réformées par les lois de la nature et de la raison.
Article
5Les lois de la nature et de la raison défendent toutes
actions nuisibles à la société; tout ce qui n'est pas défendu pas
ces lois, sages et divines, ne peut être empêché, et nul ne peut
être contraint à faire ce qu'elles n'ordonnent pas.
Article
6La loi doit être l'expression de la volonté générale;
toutes les Citoyennes et Citoyens doivent concourir personnellement
ou par leurs représentants, à sa formation; elle doit être la même
pour tous : toutes les Citoyennes et tous les Citoyens, étant égaux
à ses yeux, doivent être également admissibles à toutes dignités,
places et emplois publics, selon leurs capacités, et sans autres
distinctions que celles de leurs vertus et de leurs talents.
Article 7Nulle femme n'est exceptée; elle est accusée, arrêtée, et détenue dans les cas déterminés par la loi: les femmes obéissent comme les hommes à cette loi rigoureuse.
Article 7Nulle femme n'est exceptée; elle est accusée, arrêtée, et détenue dans les cas déterminés par la loi: les femmes obéissent comme les hommes à cette loi rigoureuse.
Article
8La Loi ne doit établir que des peines strictement et
évidemment nécessaires, et nul ne peut être puni qu'en vertu d'une
Loi établie et promulguée antérieurement au délit et légalement
appliquée aux femmes.
Article
9Toute femme étant déclarée coupable; toute rigueur est
exercée par la Loi.
Article
10Nul ne doit être inquiété pour ses opinions mêmes
fondamentales, la femme a le droit de monter sur l'échafaud; elle
doit avoir également celui de monter à la Tribune; pourvu que ses
manifestations ne troublent pas l'ordre public établi par la
loi.
Article 11La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de la femme, puisque cette liberté assure la légitimité des pères envers les enfants. Toute Citoyenne peut donc dire librement, je suis mère d'un enfant qui vous appartient, sans qu'un préjugé barbare la force à dissimuler la vérité ; sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.
Article 11La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de la femme, puisque cette liberté assure la légitimité des pères envers les enfants. Toute Citoyenne peut donc dire librement, je suis mère d'un enfant qui vous appartient, sans qu'un préjugé barbare la force à dissimuler la vérité ; sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.
Article
12La garantie des droits de la femme et de la Citoyenne
nécessite une utilité majeure; cette garantie doit être instituée
pour l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière de
celles à qui elle est confiée.
Article
13Pour l'entretien de la force publique, et pour les dépenses
d'administration, les contributions de la femme et de l'homme sont
égales ; elle a part à toutes les corvées, à toutes les tâches
pénibles; elle doit donc avoir de même part à la distribution des
places, des emplois, des charges, des dignités et de l'industrie.
Article
14Les Citoyennes et Citoyens ont le droit de constater par
eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la
contribution publique. Les Citoyennes ne peuvent y adhérer que par
l'admission d'un partage égal, non seulement dans la fortune, mais
encore dans l'administration publique, et de déterminer la quotité,
l'assiette, le recouvrement et la durée de l'impôt.
Article
15La masse des femmes, coalisée pour la contribution à
celle des hommes, a le droit de demander compte, à tout agent
public, de son administration.
Article
16Toute société, dans laquelle la garantie des droits n'est
pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n'a point
de constitution; la constitution est nulle, si la majorité des
individus qui composent la Nation, n'a pas coopéré à sa rédaction.
Article
17Les propriétés sont à tous les sexes réunis ou séparés:
elles ont pour chacun un droit lorsque la nécessité publique,
légalement constatée, l'exige évidemment, et sous la condition
d'une juste et préalable indemnité.
POSTAMBULE
Femme,
réveille-toi; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout
l'univers; reconnais tes droits. Le puissant empire de la nature
n'est plus environné de préjugés, de fanatisme, de superstition et
de mensonges. Le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages
de la sottise et de l'usurpation. L'homme esclave a multiplié ses
forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers.
Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. Ô femmes!
Femmes, quand cesserez-vous d'être aveugles? Quels sont les
avantages que vous recueillis dans la révolution? Un mépris plus
marqué, un dédain plus signalé. Dans les siècles de corruption
vous n'avez régné que sur la faiblesse des hommes. Votre empire est
détruit; que vous reste t-il donc? La conviction des injustices de
l'homme. La réclamation de votre patrimoine, fondée sur les sages
décrets de la nature; qu'auriez-vous à redouter pour une si belle
entreprise? Le bon mot du Législateur des noces de Cana?
Craignez-vous que nos Législateurs français, correcteurs de cette
morale, longtemps accrochée aux branches de la politique, mais qui
n'est plus de saison, ne vous répètent : femmes, qu'y a-t-il de
commun entre vous et nous? Tout, auriez vous à répondre. S'ils
s'obstinent, dans leur faiblesse, à mettre cette inconséquence en
contradiction avec leurs principes; opposez courageusement la force
de la raison aux vaines prétentions de supériorité; réunissez-vous
sous les étendards de la philosophie; déployez toute l'énergie de
votre caractère, et vous verrez bientôt ces orgueilleux, non
serviles adorateurs rampants à vos pieds, mais fiers de partager
avec vous les trésors de l'Etre Suprême. Quelles que soient les
barrières que l'on vous oppose, il est en votre pouvoir de les
affranchir; vous n'avez qu'à le vouloir. Passons maintenant à
l'effroyable tableau de ce que vous avez été dans la société; et
puisqu'il est question, en ce moment, d'une éducation nationale,
voyons si nos sages Législateurs penseront sainement sur l'éducation
des femmes.
Les
femmes ont fait plus de mal que de bien. La contrainte et la
dissimulation ont été leur partage. Ce que la force leur avait
ravi, la ruse leur a rendu; elles ont eu recours à toutes les
ressources de leurs charmes, et le plus irréprochable ne leur
résistait pas. Le poison, le fer, tout leur était soumis; elles
commandaient au crime comme à la vertu. Le gouvernement français,
surtout, a dépendu, pendant des siècles, de l'administration
nocturne des femmes; le cabinet n'avait point de secret pour leur
indiscrétion; ambassade, commandement, ministère, présidence,
pontificat, cardinalat; enfin tout ce qui caractérise la sottise des
hommes, profane et sacré, tout a été soumis à la cupidité et à
l'ambition de ce sexe autrefois méprisable et respecté, et depuis
la révolution, respectable et méprisé.
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